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Les troubles spécifiques des apprentissages

Les troubles spécifiques des apprentissages

Rédacteur : Dr Valérie JOGUET, Médecin Scolaire à l’Inspection Médicale des Scolaires.

Définition

Les troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA) appelés communément « troubles dys » sont la conséquence de troubles cognitifs spécifiques neurodéveloppementaux.

Certains de ces troubles affectent les apprentissages précoces : langage, geste, etc. ;

D’autres affectent plus spécifiquement les apprentissages scolaires comme le langage écrit, le calcul.

L’appellation « TSLA » est une dénomination fonctionnelle, visant à rappeler la spécificité de ces troubles, non expliqués par une déficience intellectuelle globale.

Ces troubles sont répertoriés selon une classification internationale, dans le manuel diagnostique et statistique (DSM-5) , sous les appellations diverses suivantes :

  • Trouble spécifique des apprentissages :
    • avec déficit en lecture (appelé communément « dyslexies »),
    • avec déficit de l’expression écrite (appelé communément « dysorthographies »), 
    • avec déficit du calcul (appelé communément « dyscalculies ») ;
  • Trouble du langage (appelé communément « dysphasies ») ;
  • Trouble développemental de la coordination (appelé communément « dyspraxies » (incluant certaines formes de « dysgraphies ») ;
  •  Déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (appelé communément « TDAH »).

 

Le DSM-5 définit ainsi les troubles spécifiques des apprentissages :

Ils sont affirmés par des outils d’évaluation standardisés révélant des scores déficitaires en référence aux normes attendues pour l'âge ;

Ils sont spécifiques, ne pouvant pas être entièrement expliqués par une autre pathologie sensorielle (surdité, vision), neurologique (lésion cérébrales innées ou acquises), intellectuelle ou psychiatrique (troubles du développement de la personnalité, de la sphère émotionnelle et/ou comportementale.), ni par un manque d’apport socioculturel ;

Ils sont durables, persistant depuis au moins 6 mois en dépit d’une prise en charge individualisée et d’une adaptation pédagogique ciblée ;

Ils persisteront tout au long de la vie.

Ils sont présents dès les premières étapes du développement, mais ils peuvent se manifester plus tardivement (lorsque l'enfant n'arrive plus à mettre en place des stratégies de compensation de son (ses) trouble(s).

  • Ils interférent de façon significative avec la réussite scolaire, le fonctionnement professionnel ou les activités de la vie courante.
  • Les critères diagnostiques des troubles dans le DSM-5 ne préjugent pas de leur évolution dans le temps (évolution variable d’un enfant à l’autre, dans le sens de la stabilité, l’aggravation ou l’amélioration).

 

Epidémiologie

Les estimations globales issues d’études internationales révèlent des troubles fréquents de l’ordre de 8 % des enfants par classe d’âge pour l’ensemble des troubles. L’association de plusieurs troubles est fréquente, ce qui contribue à retarder le diagnostic, compliquer la prise en charge thérapeutique et grever le pronostic.

 

Impact des troubles

Les conséquences sont très variables en fonction :

  •  du degré des troubles,
  •  de la nature du(es) trouble(s)
  •  de l’éventuelle présence de comorbidités,
  •  du développement spontané par l’enfant de compensations ou de stratégies de contournement sur le plan cognitif,
  •  de l’évolution avec l’accompagnement pédagogique,
  •  de la précocité du diagnostic et des interventions thérapeutiques mises en place,
  •  du suivi des soins engagés,
  •  de l’environnement et de la qualité du soutien familial.

 

Tant que les processus cognitifs impliqués dans le développement des apprentissages ne sont pas automatisés, cela génère une surcharge attentionnelle et l’élève ne peut pas accéder à l’aspect « multitâche » de tout apprentissage.

  • Les troubles occasionnent une lenteur, une fatigabilité, parfois des problèmes d’organisation ou des troubles du comportement. Ils peuvent nécessiter des aménagements et/ou des adaptations, voire des compensations dans certains cas.

 

En l’absence de diagnostic et de prise en charge adaptés, il y a un risque :

  •  De décrochage scolaire voire d’échec scolaire, nécessitant des dispositifs scolaires particuliers :

En Principauté, ces dispositifs sont mis en place par la médecine scolaire (Inspection médicale des scolaires/Direction de l’Action sanitaire), en lien avec la Direction de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports.

Il s’agit :

  • Du Plan d’Accueil Individualisé (PAI), et en France, le Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP).
  • Pour les situations où les troubles sont sévères d’autres mesures d’aide et d’accompagnement pédagogiques sont octroyées après évaluation en Commission médico-pédagogique.

Ces mesures de compensation de troubles vont de l’attribution d’une auxiliaire de vie scolaire (AVS) à une orientation en classe adaptée, avec des professeurs spécialisés.

  • Pour les examens tels que le Brevet des Collèges et les différentes épreuves des Baccalauréats, général, technologique et professionnel, ainsi que les CAP, des aménagements sont également possibles dans le cadre d’une demande d’aménagements des épreuves, auprès du Rectorat de Nice étudiée au préalable par la médecine scolaire qui émet un avis favorable ou non.
  •  D’apparition de troubles émotionnels secondaires : faible estime de soi, anxiété, dépression, faible intérêt ou dégoût pour la scolarité, opposition, agressivité réactionnelle,
  •  De difficultés d’insertion professionnelle et sociale. Chaque fois que les troubles nécessiteront plusieurs intervenants, les familles auront à faire face à une multiplicité de soins et à leur coordination.

 

Le parcours de santé

1- Les enjeux d’un parcours adapté

Ces enjeux sont multiples :

 Pour les patients :

  •  Accès à un diagnostic précis des troubles et à une prise en charge adaptée personnalisée,
  •  Accès aux apprentissages puis aux formations,
  •  Éviter ou limiter les situations de handicap, possibilité d’insertion scolaire puis professionnelle, participation sociale,
  •  Maintien de l'estime de soi, renforcement des compétences psychosociales ;

Pour leurs familles :

  •  Prise en compte de leurs questions, de leurs attentes (en particulier leur demande de coordination de soins); implication dans la réalisation du projet de soins,
  •  Amélioration attendue de leurs connaissances et de celles de leurs enfants, en vue d’une plus grande implication dans la prise en charge de ceux-ci ;

Pour les professionnels :

  •  Amélioration des pratiques avec aide à la décision pour le bilan initial et l’orientation des premières prises en charge,
  •  Clarification du rôle des acteurs en particulier en niveau intermédiaire (entre premier recours et centres de référence),
  •  Meilleure connaissance et compréhension du rôle des autres acteurs.

 

2- Les prises en charge :

En principauté, la prise en charge des troubles des apprentissages repose :

  • Sur un repérage précoce : les enseignants sont en première ligne pour constater les difficultés prégnantes des élèves mais la médecine scolaire réalise des bilans systématiques de dépistage validés et étalonnés chez tous les élèves dès la première année de petite section et également lors de l’année de grande section ; ensuite à la demande, si besoin.

Les élèves sont alors orientés tôt vers les professionnels de santé afin d’effectuer des évaluations complémentaires selon la situation pédagogique et clinique de l’enfant.

  • Les prises en charge peuvent concerner un ou plusieurs professionnels, en raison du caractère multidisciplinaire du diagnostic de ces troubles :
  • Il s’agit :
    • Des orthophonistes
    • Des psychomotricien(nes)
    • Des ergothérapeutes
    • Des psychologues et neuropsychologues
    • Des pédopsychiatres

En Principauté de Monaco, le Centre Plati ,qui regroupe le Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel (CATTP), le Centre de Dépistage des Troubles d’Apprentissage (CDTA) et le Centre Médico-Pédagogique (CMP),  avec l’unité spécifique du CDTA peut prendre en charge tout ou partie de ces troubles, réalisant les investigations au préalable, nécessaires à l’élaboration du diagnostic dans les situations les plus complexes (troubles « dys » et comorbidités), mais aussi les rééducations adaptées.

 

Pour finir :

F.A.Q :

Q : Qui consulter si mon enfant a des difficultés scolaires ?

  • Mon médecin traitant ou pédiatre : il saura orienter vers le bon professionnel selon le trouble et rédigera une ordonnance s’agissant de bilan à réaliser
  • Le médecin scolaire : il pourra donner un rendez-vous selon que vous ayez déjà réaliser des bilans ou non, et vous orienter soit vers un professionnel en particulier (orthophoniste, ergothérapeute…etc) soit vers un centre plus spécialisé tel que le CDTA ou CMP ou encore à Nice, le Centre Référent des Troubles du Langage et des Apprentissages (CRTLA)

Q : Mon enfant a bénéficié de bilans (orthophoniques, neuropsychologiques…etc), et « a besoin d’aide », à qui dois-je m’adresser ?

  • Au médecin scolaire : il est le seul habilité à mettre en place les dispositifs d’aménagements pédagogiques lorsqu’un diagnostic de « troubles spécifiques d’apprentissage » est établi ; le médecin scolaire prendra attache avec l’établissement de votre enfant.