actus MonacoSanté
Actualités
Retour
Les Enfants Haut Potentiel

Enfance

Les Enfants Haut Potentiel

Depuis quelques années l’attention autour des enfants à haut potentiel ne cesse de grandir.

Les journées d’études, les articles de presse à leurs sujets se multiplient, les réseaux sociaux ont permis aux associations des parents une plus grande visibilité et leur capacité de « lanceur d’alerte » sur ce sujet a été multipliée.

Les caractéristiques

Les enfants à Haut Potentiel présentent généralement un profil à l’intelligence vive, à l’intuition fulgurante, souvent en avance sur les apprentissages notamment sur celui de la lecture, avec un développement précoce du langage, une capacité de compréhension élevée, des centres d’intérêts originaux, une curiosité et des questionnements tout azimut.

Ils présentent des caractéristiques inhabituelles :

- Un fonctionnement intellectuel particulier, caractérisé par :

  • PENSEE EN ARBORESCENCE
    • On évoque souvent une pensée en arborescence pour ces enfants qui est une modalité de  fonctionnbement habituelle mais plus rapide.
    • Confronté à une tache il déploie sa pensée dans plusieurs directions simultanément.
    • Sa pensée s’active sur un mode global dans un réseau associatif à grande vitesse.
    • Toute nouvelle questions génère une nouvelle question et jamais de certitude
  • APTITUDES GENERALES
    • Niveau élevé de pensée  abstrait, de raisonnement numérique et verbale, de relations spatiales, de mémoire et de fluidité verbale
    • Capacité à trier rapidement les informations pertinentes et non pertinentes par rapport au domaine étudié
  • DYSSYNCHRONIES Décalages
    • Dyssynchronie interne : décalage entre le développement psychomoteur et le développement intellectuel
    • Dyssynchronie externe sociale : à l’école, avec les parents, avec les autres enfants

 

- Des traits de caractère singuliers

  • EXPLORATEUR DE LA CONNAISSANCE
    • Curiosité et soif d’apprendre
    • Pose des questions existentielles sur la vie, la mort, la place de l’homme dans l’univers
    • Capacité à suivre une conversation tout en faisant autre chose
    • Langage soutenu
    • Apprentissage précoce lecture
  • HYPERSENSIBLE
    • Vit intensément toute émotion
    • Sensible aux émotions des autres
    • Perfectionniste
    • Altruisme
    • Acuité élevée par rapport aux 5 sens
  • CREATIF
    • Fulgurance créative
    • Sensible aux détails, à l’esthétique, à l’harmonie
    • Curiosité, goût pour la nouveauté
    • Riche imaginaire : rêves,  contes, compagnon imaginaire, création poétique

 

- Des caractéristiques pénalisantes :

S’impatiente avec les autres; n’accepte pas l’autorité des adultes;

S’ennuie à suivre le rythme d’apprentissage plus lent du groupe ou s’agite; s’impatiente quand il doit attendre que les autres élèves de la classe maitrisent les contenus; corrige ses pairs ou ses enseignants; répond continuellement aux questions.

Se montre très sensible à la critique des autres ou au rejet des pairs ; Il peut avoir des attentes trop élevées envers lui-même ou forte autocritique.

Revendicateur face aux enseignants ou à l’autorité.

Se sent marginal dans la classe; s’ennuie avec les enfants de son âge.

Est facilement distrait et a de la difficulté à se concentrer dans les tâches routinières.

Tolère difficilement de n’avoir rien à faire; peut déranger les autres lorsqu’il n’a rien à faire.

N’aime pas la répétition dans l’enseignement ; refuse de faire les feuilles d’activités ou les devoirs qui demandent de revoir des contenus déjà maitrisés ou compris.

Pose des questions inappropriées ou peut devenir insupportable avec ses interrogations incessantes.

Il est facilement distrait de la tâche.

Domine les discussions; poursuit sans cesse une occupation qui le captive et passe difficilement à autre chose; refuse de faire les activités demandées si elles ne l’intéressent pas ou se concentre avec peine.

; s’impatiente avec les autres; n’accepte pas l’autorité des adultes;

 

LA DEFINITION DU HAUT POTENTIEL

La définition de l’enfant haut potentiel fait débat.

Celle communément adoptée fait référence à l’approche psychométrique de l’intelligence mesurée par des tests standardisés.

Ces tests permettent de calculer un profil de compétences dans les différents domaines de la cognition et, quand il est possible, de calculer un QI global.

L’OMS définit Haut Potentiel intellectuel « une personne ayant un quotient intellectuel supérieur ou égal à 130, déterminé par une batterie de tests standardisés » les tests communément utilisés sont les échelles de Wechsler (test WISC).

Dans le monde, le niveau du QI calculé à travers des tests psychométriques reste le dénominateur commun pour définir un haut potentiel.

A l’heure actuelle le haut potentiel intellectuel n’est pas considéré comme une pathologie psychique et n’est pas censé prédisposer à d’autres pathologies psychiques.

On ne le retrouve pas dans les catégories des maladies psychiques recensées dans la « Classification Internationale des Maladies », la CIM 10, ni dans le DSM 5 (Manuel de Diagnostic et Statistiques des Troubles Mentaux » de l’American Psychiatric Association.

Selon les études scientifiques effectués, les enfants HP représentent, en France, un pourcentage entre 2 et 2,3% de la population des enfants scolarisés de 6 à 16 ans, la population totale se situant autour de 200.000 enfants. (9)

Les enseignants, qui en général arrivent bien à les repérer, jugent que le 15,7% des enfants HP sont en difficulté scolaire.

 Les recherches scientifiques indiquent parmi les difficultés plus fréquemment observées : les troubles du comportement, les troubles des apprentissages et l’échec scolaire, ce dernier avec un pourcentage qui oscille autour de 7,5%.  (9)

 

LES IDEES LES PLUS REPANDUES

En l’état actuelle des connaissances, on constate une discordance entre les idées véhiculées par les médias autour de l’association entre HP et certaines troubles, tels les troubles anxieux, la dépression, l’hyperactivité, où les troubles des apprentissages (dyslexie, dyspraxie. ..etc ).et les constatations  validées par la communauté scientifique.

Aujourd’hui les études scientifiques qui ont cherché à établir des corrélations significatives entre H.P. et les troubles susmentionnés, ont donné des résultats contradictoires. Les met analyses portant sur ces études n’ont pas non plus retrouvé des associations statistiquement significatives entre le Haut Potentiel et aucun de ces troubles.

Certes il existe des enfants à haut potentiel qui, comme tout autre enfant, peuvent avoir de tels problématiques mais ces dernières ne découlent pas du fait d’être Haut Potentiel.

La seule corrélation statistiquement significative retrouvée concerne un type particulier d’anxiété dite « anxiété métaphysique » associée aux questionnements précoces de ces enfants

Egalement a été retrouvée une réussite plus marquée des Haut Potentiel aux épreuves qui explorent la pensée divergente dans le cadre des tests sur la créativité.

Une constatation s’impose, la plupart des enfants H.P. sont en réussite. Nous les retrouvons parmi les premiers de la classe, épanouis, avec de bonnes relations avec leurs camarades et leurs proches, bien investis dans leurs projets.

Les enseignants qui savent bien les repérer, peuvent leur proposer les aménagements scolaires qui leur conviennent.

Il n’est pas donc nécessaire tous les repérer à travers les tests.

Par contre pour ceux qui sont en difficulté le testing, avec la découverte du H.P, peut contribuer à réconforter leur narcissisme, leur redonner de la confiance et réadapter le projet autour de leur scolarité.

Il faut toutefois souligner que, si le testing nous dévoile la présence de capacités supérieures à la moyenne, le développement de ces potentialités est le résultat de leur interaction avec l’environnement familiale, scolaire et sociale de l’enfant.

 

Ajustement du parcours scolaire

Si la question de l’ajustement du parcours scolaire est moins évidente pour les enfants H.P. en réussite, qui constituent la plus grande part, la question se pose avec plus de pertinence pour ceux en difficulté, afin de les soutenir dans leur motivation, dépasser leurs difficultés et éviter l’échec scolaire.

Dans ce but plusieurs dispositifs peuvent être proposés ayant fait leurs épreuves tels :

- Les classes de niveau.

- Les regroupements interclasses ou intra classes, avec des sous-groupes d’enfants pour qui l’enseignement de certaines matières se fait de façon différenciée.

- L’enrichissement, où leur rapidité à l’apprentissage permet de proposer des activités hors du programme scolaire, en syntonie avec leurs centres d’intérêt.

- L’accélération avec l’enseignement plus avancé pour certaines matières, ou l’accélération par niveau avec le saut de classe.

Cette liste de dispositifs ne veut pas être exhaustive, mais la multiplicité des propositions est là à signifier la complexité et l’hétérogénéité des profils des enfants H.P. auxquels on doit s’adapter.

En guise de conclusion, il semble important de rappeler quelques points :

  • La plupart des enfants Haut Potentiel sont en réussite scolaire, épanouis et bien adaptés sur le plan social.
  • On ne retrouve pas d’association systématique entre Haut Potentiel et échec scolaire, mais comme tout enfant un enfant H.P. peut se trouver en difficulté scolaire.
  • On ne retrouve pas d’association systématique entre Haut Potentiel et troubles psychopathologiques.
  • Le Haut Potentiel ne doit pas être associé seulement à un Q.I. élevé mais, de manière plus globale, compris aussi dans ses capacités de curiosité, créativité et épanouissement dans des secteurs extrascolaires.
  • Comme pour tout enfant, l’objectif fondamental est de l’aider et l’accompagner dans son accomplissement personnel.

 

DR Filippo GIULIONI

DR Marie Hélène MURAT

Pédopsychiatres

CENTRE PLATI

CMP de MONACO

 

Bibliographie

1) Lautrery et au. « L’état de la recherche sur les enfants dits « Surdoués » Équipe Cognition et Différenciation, CNRS-UMR; Université Paris V.

2) Lubart T. et au. « Enfants exceptionnels: précocité intellectuelle haut potentiel et talent » Collection BREAL 2005.

3) Pereira Da Costa M. « Théories de l’intelligence: concepts et évaluations du haut potentiel »; Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence; vol 67, N°3; mai 2019.

4) Renzoulli J. « Qu'est que c'est le Haut Potentiel et comment peut-on le développer chez l'enfant et l'adolescent »; Bulletin de psychologie; 2006/5; N° 485.

5) Revol O. « L’enfant précoce mode ou réalité » Réalités Pédiatriques, 2011.

6) Szabos J., Magazine « Challenge » fascicule 34, 1989.

7) Tordjman S., « Enfants surdoués en difficulté: de l’identification à une prise ne charge adaptée » PUR, 2005.

8) Tordjman S. et au., « Les enfants haut potentiel en difficulté: apports de la recherche clinique »   EM Consulte 16 octobre 2018.

9) Tordjman S. et au., « Mythes et réalité sur les enfants à haut potentiel en difficulté: les apports de la recherche. » Neuropsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent; vol 7 – N° 3 P 130 – 139; Mai 2019.

10) Ramus F., Gauvrit N., « La légende noire des surdoués » Revue La Recherche ; mars 2017.